Il y a quatre ans, le monde était bien petit mais l'aventure était toujours au rendez-vous. On ne réunissait pas pour combler un besoin sinon ceux de la découverte et de l'envie d'être ensemble.
Je peux continuer en détaillant des épisodes de cette ancienne vie mais je préfére vous narrer une journée type de cette ancienne époque.
Le réveil se faisait en général sur une herbe bien verte, à côté de monticules de monuments des temps antiques et avec, toujours, cet étrange bourdonnement de la vie autour : les larves rampantes, les craquements d'arbres abattus et qui repoussaient à vue d'oeil et les cavaltades diverses des aventuriers. Au réveil, tout s'animait d'un coup, pas de temps de pause.
Sitôt debout, on avait à peine le temps de marcher que quelqu'un que vous aviez rencontré la veille pour la premiére fois vous contactait en pensée pour, en général, vous sortir des :
" Bé Ereeee! " ou des
" Dééévééé !! " ou encore des
" P'tin ! les iops c'est busé! ".
Là, plusieurs possibiliés : soit on avait une rune de transport pour foncer vers l'entrée du Labyrinthe, soit on l'activait pour se retrouver en 6 / 11 pour le fameux " Bé Ere " et on priait pour arriver à temps ou alors on attendait qu'un ami vous appelle pour nous présenter ses nouveaux amis. Les connaissances on en faisait tout le temps !
La journée se passait ainsi, des alertes d'apparition de monstres puissants entre les fameux Bé Ere, Dé vé, Milimulou ou Mulou et si on avait de la chance un rarissime Déé Céé. Pour ce dernier, on y allait sans trop y croire et en se chiant dessus de trouille; peu pouvait se targuer de l'avoir tué et c'était toujours épique.
En ce temps là on ne savait pas ce que c'était qu'un Tailleur , ni un Alchi' ni encore des boucliers et bien qu'il existaient déjà des haches, on ne connaissait pas encore la maitrise de la hache. Etrange.
La province était délimitée entre la grotte du Dé Cé au nord, le port à l'est, le village bwork à l'ouest et au sud, pour les plus couillus, la terre des dragoeufs, autrement appelé le village des tofus, qui n'était pas encore dévasté mais bien portant, avec de jolies maisonnettes où l'on pouvait entrer et baver sur l'acquisition utopique d'une maison à soi.
En plein milieu, nulle église, on ne se mariait pas. Un cimetierre où l'on allait soit pour obtenir la fameuse maitrise de l'épée ou pour devenir roublard. Il fallait avoir tué trente six personnes, entrer dans l'arbre, causer à leur chez Vil Smith - et non pas cet espéce d'ersatz de chef roublard de nos jours nommé tel le plus mauvais des plagieurs : "VilSmith" - et on devait tuer et un maitre vampire et un pauvre paysan pour les plus méchants. Une fois sorti de l'abre avec le costard roub', on avait foutrement intérêt à cavaler.
Durant cette journée on pouvait se faire aggresser et le risque était présent de se faire voler nos effets, sur nous ou dans nos sacs. Puis, durant une semaine ou deux on ne pouvait plus que dérober dans le sac et ce grâce à la volonté divine. C'était une journeé où il ne fallait pas trainer, où la banque était limitée en places et on devait en gros faire attention à nos fesses. De nos jours .. Bref. J'en parlerai pas de nos jours, sachez juste que c'était mieux avant et pas forcément parce que " c'était avant ".
Plusieurs initiatives voyaient le jour en même temps et cela durait. La communauté Enie, la République Cra - dont je ne suis pas peu fière - la Garde, le Palais etc etc. C'est là que je fis de merveilleuses rencontres, celles de Sir Eclipse, du capitaine de la garde, Sir Solaire et ainsi de suite. En ces temps là, ca bougeait. On n'avait pas besoin de toute la clique actuelle et leurs idées de merde pour se sentir animé dans nos vies quotidiennes.
En soirée, c'était une copie conforme de la journée : " Bé Ere, Miliiii, Aggro, Béé Ere, Milii, Déé Véé , aggro, abraaas " et pour les plus couche-tards, y'avait le fameux coin des dopeuls, pile au nord-est de l'actuel zaap de -2/0. C'est d'ailleurs aux dop's que j'ai les connaissances de deux nabots au sale caractère, Bronstein et Diaboli-Cum.
On passait souvent des nuits jusqu'à 7h du matin à tabasser les dopeuls. On pouvait leur soutirer des objets déjà fabriqués, tels les premiers chapeaux et capes. C'est là que je suis devenu une vraie cra en obtenant mon premier Lorko et c'est là que j'ai forgé un lien d'amitié fort avec mes deux nains de compagnie, succéssivement surnommés Numéro 1 et Numéro 2. Ou encore " cassis" pour le premier.
Tout cela s'arrêta le jour où cette putain d'île des Wabbits apparu des flots pour venir étendre nos champs de découverte et donc alimenter les prémisses de l'avarice générale dans la contrée. Je place la naissance des cons à cette date. L'An 0 de la connerie crasse.
C'est là que, surnommée " la cra magique pourrie " - parce qu'en ces temps là on ne connaissait pas encore les éléments et on était classés comme des aventuriers magiques ou physiques - j'étais constement rejetée pour faire le chateau du Wa Wabbit. J'étais trop "nase " vous comprenez.
Ca m'a pompé, j'ai alors décidé d'arrêter les frais et je suis partie suivre mon instinct de mère poule pour fonder une famille artificielle.
Lothar fut le premier que j'ai retrouvé, loqueteux, ne sachant que grogner, baver et en train d'enfiler un bwork qui ne demandait qu'à pouvoir se suicider. Je l'ai abordé, assomé, lavé, rasé et civilisé. Et là, tout a commencé de ma nouvelle vie.