Il n'y a rien de bien secret sur les origines de ma naissance.
Je suis née un beau matin dans l'illustre famille de Cras, les Moisy, diplomates de pères en fils, ou plutot en filles puisque, malheureusement pour lui, au lieu de l'héritier tant attendu, mon père ne put engendrer que des donzelles.
Aussitot à l'air libre, je fis un tel tapage que mes parents ne purent me donner d'autre nom que Charivari.
Maladroite, tête en l'air, j'accumulais bêtise sur bêtise et ma pauvre mère s'en arrachait le peu de cheveux qui lui restaient.
Toujours à la traîne de mes soeurs, je reçus plus tard le gentil sobriquet de Charette, affectueusement trouvé par mon amie Brume-des-Vents.
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Mon enfance suivit le parcours que ma naissance laissait présager et je ne déshonnorait pas le prénom que l'on m'avait donné. Bavarde, distraite, lunatique, mes leçons de tir à l'arc s'achevaient toujours par quelques flêches perdues dans le postérieur de mon professeur qui avait pris soin, prévoyant homme, de le barricader derrière une planche de bois dans son pantalon.
Néanmoins, comme toutes mes soeurs, j'entrai à l'adolescence, dans le célèbre collège de la Courbette pour y faire mon apprentissage en diplomatie.
Malgré les tristes présages de mon enfance, je montrai de grandes facilités dans l'art de la parole et de la négociation. Très attachée aux traditions diplomatiques et aux civilités, malgré une fâcheuse tendance à la rêverie, je parvins à tirer mon épingle du jeu tant et si bien que je fus désignée pour succèder à mon père.
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Un grand amour, outre celui des valeurs familiales, unissait ma famille, celui de notre cité Bonta.
Attachée aux valeurs angéliques et à la protection de la paix, je m'engageais donc afin de proposer mes services dans toute institution bontalienne où le besoin se faisait sentir. C'est ainsi que j'atterris un jour dans l'Entente de Bonta où j'exerce aujourd'hui la profession ingrate mais combien honorable d'Ambassadrice.
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